6 décembre 2017

Un loup pour l'homme

The Witcher 3: Wild Hunt, CD Projekt RED, 2015

Il y a quelque chose de prodigieusement agaçant chez Geralt de Riv, c'est son côté mâle α. Je dis ça parce que je suis féministe, c'est vrai. En fait, ce qui me fait chier, c'est pas que Geralt de Riv soit un mâle α, c'est que les mecs comme lui envahissent dans la littérature, le cinéma, le jeu vidéo et le jeu de rôle. Comment si on pouvait pas représenter les hommes autrement.

Il y a un truc de bien avec le féminisme. Son ambition est pas seulement d'améliorer la condition des femmes, mais aussi d'améliorer celle des hommes. De les montrer dans leur diversité, pas de les cantonner dans un seul rôle.

30 novembre 2017

S'amuser ?

FIJ, Cannes, 2015.

Quand on parle de jeu, c'est souvent la première idée qui nous vient, on est là pour s'amuser, pas pour se prendre la tête. L'idée que s'amuser, c'est pas se prendre la tête, est assez paradoxale, parce que chacun fixe ses propres limites. On l'a vu en parlant de la pyramide de l'engagement.

Perso, j'ai toujours eu du mal avec l'expression se prendre la tête. Je sais jamais si ça veut dire "faire un truc chiant" ou "réfléchir de trop". Il y a l'idée qu'on est envahi de trucs chiants, comme le travail, qu'on nous pousse à réfléchir sans arrêt et qu'il faudrait décompresser de temps en temps. Perso, j'ai du mal avec cette idée. Peut-être parce que j'aime réfléchir, parce que mon boulot n'est pas chiant, parce qu'il ne mobilise qu'une toute petite partie de mes facultés intellectuelles. Du coup, je fais partie de ces gens qui adorent se prendre la tête, et prendre la tête aux autres, mais seulement sur les trucs que j'aime.

21 novembre 2017

La pyramide de l'engagement

Distraction
Amusement
Complicité
Investissement
Culture

Ça veut dire quoi s'amuser en jeu ? J'ai commencé un article sur le sujet, je l'ai presque fini, et puis j'ai écouté une intervention de Jérôme Larré. Au bout de 12 minutes, je tombe sur une pépite, un truc que je connaissais pas. Merci Jérôme.

Après une recherche approfondie sur le net, je tombe sur la pyramide de l'engagement dans un article de Tadhg Kelly. Cool, je me dis. Voyons ce qu'il y a d'intéressant là-dedans. Tadhg Kelly parle des jeux en ligne, mais son propos peut s'appliquer à tous les jeux, et en particulier au jeu de rôle.

L'idée est qu'on peut évaluer le degré d'engagement d'un joueur autrement que par des chiffres, qui signifient pas grand-chose.

Il distingue 5 degrés d'engagement.

La distraction.  C'est quand tu joues à un jeu parce que tu te fais chier. Le genre de jeu que tu peux arrêter ou reprendre quand tu veux. Un jeu avec une faible durée de vie, et pas spécialement de créativité.

L'amusement.  C'est ce jeu avec un petit plus qui te donne envie d'y rejouer. C'est pas un jeu intéressant, mais qui pourrait tourner mieux avec un meilleur gameplay.

La complicité.  C'est un jeu qui te plaît, parce qu'il a touché un point sensible en toi.

L'investissement.  C'est le jeu qui te donne envie de te donner à fond pour lui, de devenir le meilleur.

La culture.  C'est le jeu que tu vas pas lâcher, qui va devenir un sujet de conversation, une obsession et qui change littéralement ta vie.

Ton intérêt pour un jeu peut monter ou descendre dans la pyramide, mais rarement de plus de 2 degrés.

19 septembre 2017

Mise au point

Rob Thomas & Diane Ruggiero-Wright, iZombie,
saison 3, épisode 9, The CW, 2017.

J'ai besoin de faire le point de temps en temps. Tous les rôlistes ont leurs propres concepts, qui évoluent avec le temps. Je vais te donner les miens, ce sera plus facile pour comprendre ce que je dis. Pour me situer, dis-toi que je préfère le jeu de rôle tradi, mais que j'aime bien faire des expériences ludiques, du jeu indé, histoire de pas tomber dans la routine, donc tradi mais pas tant que ça.

5 septembre 2017

L'exemple des trois gardes

Thief, Eidos Montréal, Square Enix, 2014

C'est un petit jeu que j'aime bien, et que je fais circuler.

Imagine que t'es dans un univers medfan. Face à toi, t'as trois gardes. Prends trente secondes pour les imaginer. Tu dois pouvoir me les décrire.

C'est bon, tu vois à quoi y ressemblent ?

Maintenant, je vais te poser trois questions.

Combien sont des hommes ?

Combien sont des blancs ?

Combien sont valides ?

Ça calme, hein ? Cherche pas d'excuses. Accepte. Comme j'ai fait moi quand j'ai inventé ce jeu. Mes trois gardes sont des hommes, blancs et valides. Est-ce que ça veut dire que je suis sexiste, raciste, handiphobe ? Oui, mais ça veut pas dire que je peux pas faire l'effort de changer.

Comme toi, je m'imagine un mec ouvert. Et pourtant. Être raciste, c'est pas seulement insulter les noirs, les arabes ou les asiates. C'est pas seulement les regarder en biais, leur refuser un job ou une entrée en boîte. C'est aussi les invisibiliser, refuser d'accepter qu'on fait tout pour pas les voir, inconsciemment.

21 août 2017

Lord Darcy

J'ai toujours une certaine appréhension à relire les livres que j'adorais ado. Quand on relit un livre 20 ans après, on est souvent déçu. L'ado que j'étais était moins difficile et avait beaucoup moins de recul.

Voilà pourquoi j'ai hésité avant d'acheter et de relire l'intégrale de Lord Darcy (Mnémos, 2016). J'ai lu Tous des magiciens ! de Randall Garrett en 98 à l'occasion de sa traduction en français, et j'avais vraiment aimé, pas le style, ni la psychologie des personnages, mais un univers bien huilé et des intrigues qui tiennent la route. J'avais aimé au point d'acheter l'intégrale en anglais, qui regroupe le roman et huit nouvelles.