4 mars 2012

Les Longs Murs

  Depuis les Guerres Thaumaturgiques, les Longs Murs séparent les bas quartiers des quartiers supérieurs. Ces remparts cyclopéens s'étendent sur les deux rives de l'Eau et sur toute la longueur de la ville.
  Leur construction remonte aux Guerres Thaumaturgiques. À l'époque, la ville était repliée sur elle-même et il fallait se protéger des pillards et des bandits qui terrorisaient la ville. La Closure, une loi draconienne, imposait un couvre-feu pour les habitants et une réglementation stricte sur le passage des Longs Murs.
  À la fin des guerres, la Closure resta en vigueur, mais, en 356, un incident mit le feu aux poudres : la sanglante révolte des Longs Murs. Un groupe de jeunes mages parti s'encanailler dans les bas-fonds s'était présenté après le couvre-feu aux portes Scées. Passablement éméchés, ils désiraient rentrer dans la ville haute et le refus des patrouilleurs les excita. Forts de leur nombre et confiants dans leur statut de mages, ils s'en prirent à ceux qui leur barraient la route. Le conflit prit rapidement des allures de bataille rangée. Ce fut un vrai bain de sang. Malgré les renforts, les patrouilleurs tombèrent sous le nombre. Les jeunes mages avaient le soutien des habitants des bas-fonds.
  Alerté trop tard, le Conseil Logique prit sa décision dans la hâte : il fallait à tout prix ramener le calme. Les meneurs de la révolte furent condamnés à la mort définitive. Les autres furent exilés dans les bas-fonds. Ils prirent plus tard le nom d'allumés.
  C'est dame Mélisande qui fit évoluer la situation. Peu après les évènements, cette courageuse pontife demanda au Conseil Logique de faire raser les Longs Murs et d'abroger la Closure.
  Devant leur refus, elle décida se promener tous les soirs sur les Longs Murs en signe de protestation. Elle sortit accompagné de ses damoiselles de compagnie et de ses suivantes, mais sans escorte et sans armes, précédée seulement de quelques porteurs de lanternes. Bientôt d'autres dames des hauts quartiers se joignirent à sa promenade quotidienne. La pontife avait lancé la mode. Contre toute attente, il n'arriva jamais rien à ces dames sans escorte. Il faut bien dire que bien des habitants des bas-fonds voyaient là une occasion de faire assouplir la loi.
  Aujourd'hui, la Closure est tombée en désuétude. Personne n'est plus là pour la faire respecter, mais les Longs Murs sont encore debout. La chute de l'imposante tour des Rois a en partie ruiné le rempart rive gauche. Le Conseil Logique a voté la restauration de l'édifice, mais, faute de financement, les choses en restent là. Seuls les lanternots les plus extrémistes soutiennent encore le projet.
  Les patrouilleurs sont un héritage des Longs Murs. Avant de devenir un corps organisé, c'était le nom donné aux miliciens recrutés pour patrouiller sur ces remparts.

  Les portes Sourdes.  À l'époque de la Closure, les portes Sourdes étaient le seul moyen de franchir les Longs Murs. Toute personne prise à voler par dessus les murs ou à passer à travers était punie de mort définitive.
  Ces lourdes portes, hautes de quinze mètres, étaient ouvertes le jour et fermées la nuit, et les patrouilleurs filtraient le passage.
  Il y avait autrefois douze portes Sourdes. Il n'en reste plus aujourd'hui que onze. L'écroulement de la tour des Rois a détruit le dernière et fait une brèche dans les Longs Murs. La plupart ne sont plus fermées la nuit. Certaines sont même dans un tel état qu'on ne peut plus les fermer. Les patrouilleurs y sont toujours de garde. Ils surveillent les allées et venues, mais ne filtrent plus personne.

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